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Photovoltaïque français : une industrie prometteuse

 

L’énergie solaire est une énergie verte et inépuisable. Chaque heure, le soleil transmet assez d’énergie à la Terre pour couvrir les besoins énergétiques de l’humanité durant un an.  Tandis que les Accords de Paris ont inscrit un objectif de réduction de 40% des émissions de GES d’ici 2030 (vs.1990), plus spécifiquement en France, la PPE fixe le cap de passer de 10GW à 44,5GW de production d’énergie solaire à l’horizon 2028, soit une augmentation annuelle de 4GW. Cet objectif ambitieux laisse donc toute sa place à une filière industrielle solaire pleine de promesses.

 

Un secteur prometteur et une filière en construction

Le secteur du photovoltaïque (PV) en France est encore timide. Le pays occupe le 13ème rang européen en termes de capacité PV installée en 2019 par habitant[1]. Le solaire représente 2,5% de la production d’électricité en France. La filière industrielle française est actuellement en sursis avec une petite poignée d’acteurs  fabricants de modules pour lesquels certaines usines ne tournent pas à leur pleine capacité. Pour autant, les potentiels d’installation sont multiples : résidentiel en autoconsommation, toiture, sol/ombrière, serres agricoles (agrivoltaïsme), etc. Et de nombreux projets industriels d’envergure donnent des signaux positifs. On peut citer par exemple la Fabrique Sunstyle qui ambitionne de fournir 1 GW de tuiles solaires « Made in France » à l’horizon 2025[2] ou encore le projet Bélénos, rapprochement des deux fabricants de panneaux tricolores, Systovi et Voltec Solar[3]. Sans oublier également le projet à plusieurs centaines de millions d’euros en Moselle porté par le groupe REC[4].

 

Agilité et solutions multifonctionnelles

La filière industrielle solaire française a su ces dernières années également se diversifier dans ses applications. Par exemple, on a vu apparaître nombre d’ombrières au niveau des parkings de grandes surfaces, avec le double rôle de couvrir et de générer de l’électricité. Dans le secteur du BTP, le dispositif Containwatt® est un générateur photovoltaïque transportable qui permet de créer un abri aménageable (de 70 à 200m2). Simple et rapide à déployer, il peut devenir un hôpital de campagne, des bureaux ou salles de réunions, un dortoir, des locaux techniques, une station de traitement d’eau autonome, un poste frontière mobile dans le désert… etc. Enfin, l’usage en auto-consommation n’est pas en reste de cette tendance à l’innovation. Un panneau sur toiture pour un particulier génère bien sûr de l’électricité. Aujourd’hui, il lui est désormais possible de chauffer et de ventiler l’habitat (aérovoltaïque). L’énergie solaire étant par nature intermittente, il existe également pour le résidentiel des solutions de stockage de l’électricité générée pendant la journée, pour une utilisation en soirée.

 

L’enjeu de l’innovation et de l’éco-conception des panneaux

Le top 10 des fabricants de panneaux photovoltaïques dans le monde est actuellement dominé par les chinois ; le leader asiatique fournit 60-70 % des panneaux solaires dans le monde.[5] La raison principale : des panneaux 15% à 20% moins cher que le « Made in France ». Pour autant, les panneaux chinois ne rembourseront jamais leur dette carbone[6]. C’est-à-dire que l’impact environnemental que leur fabrication a généré ne sera jamais compensé par leur niveau de production d’énergie. Leur importation fait en réalité augmenter le poids carbone du mix énergétique français !  Les panneaux éco-conçus français, qui ont une durée de vie de près de 30 ans, remboursent eux leur dette carbone en 10 à 15 ans  – cette durée s’explique par un mix énergétique faiblement carboné. L’enjeu pour la filière française est donc de se différencier par l’innovation et l’éco-conception. Pour atteindre cet objectif tous les matériaux et composants doivent être judicieusement choisis : cellules photovoltaïques, verre mais également cadre en aluminium et connectiques. A noter que l’ADEME requiert depuis novembre 2019 que les panneaux solaires français soient éco-conçus et sans terres rares.[7] Côté innovation, les possibilités sont multiples. Augmentation des rendements, coloration, refroidissement des panneaux, sont quelques exemples parmi d’autres.

Le marché du solaire offre des perspectives de développement encourageantes. Et la filière industrielle française dispose de tous les atouts nécessaires pour se consolider. Son essor passera l’innovation et l’éco-conception, afin de lui permettra d’avoir un positionnement vraiment différenciant par rapport à la concurrence asiatique et plus spécifiquement chinoise.

[1] Source : IEA PVPS Global markets 2020

[2] https://www.pv-magazine.fr/2020/10/16/barbara-pompili-annonce-un-bonus-a-lintegration-des-tuiles-solaires-pour-2020-et-2021/

[3] https://www.lesechos.fr/pme-regions/pays-de-la-loire/photovoltaique-systovi-et-voltec-solar-veulent-faire-emerger-un-champion-francais-1224909

[4] https://www.usinenouvelle.com/editorial/rec-group-reserve-sa-decision-d-investir-dans-une-mega-usine-panneaux-solaires-a-hambach.N1038974

[5] Source : https://www.futura-sciences.com/tech/breves/technologie-chine-va-construire-plus-grande-usine-panneaux-solaires-monde-2308/

[6] La dette carbone est la durée que met le panneau solaire à compenser l’impact environnemental que sa fabrication a généré

[7] https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/fiche-technique-terres-rares-energie-renouvelable-stockage-energie-2019.pdf